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Un domaine qui tarde à mûrir: introduction à la criminologie verte

Popularization article | Article de vulgarisation

Published onSep 09, 2022
Un domaine qui tarde à mûrir: introduction à la criminologie verte
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Un domaine qui tarde à mûrir : introduction à la criminologie verte


Résumé (français) :Le monde fait face à de nombreux enjeux environnementaux de grave envergure, dont l’effritement de la biodiversité, la perte de services écologiques, la destruction d’écosystèmes, les changements climatiques, la pollution de l’eau et plus encore. Il est maintenant admis par la majorité de la communauté scientifique que ces dommages ne sont pas le fruit du hasard, mais bien le résultat de l’activité humaine. Dans l’étude de ces comportements humains causant ces préjudices, la criminologie n’est pas en reste. Ainsi, le présent article se veut une introduction à la criminologie verte. L’objectif étant de vulgariser certains de ses concepts centraux et de faire la promotion de ce domaine peu exploré.

Mots clés : Criminologie verte, crime contre l’environnement, dommage environnementaux, changements climatiques, réchauffement climatique


Abstract (english): The world faces many serious environmental challenges, including the erosion of biodiversity, the loss of ecological services, the destruction of ecosystems, climate change, water pollution and more. It is now accepted by the majority of the scientific community that these damages are not the result of bad luck, but of human activity. In the study of the human behaviors causing these prejudices, criminology should not be left out. Thus, this article is intended as an introduction to green criminology. The objective is to make accessible some of its central concepts and to promote this emerging area.

Keywords: Green criminology, environmental crime, environmental harm, climate change, global warming


Implications pratiques (français)

  1. Cet article se veut une introduction aux concepts de base de la criminologie verte. Puisqu’il s’agit d’un domaine en émergence et peu présent sur les bancs d’école, il apparaît pertinent d’en faire la promotion afin de stimuler l’intérêt en recherche.

  2. Il apparaît important que la criminologie se penche sur les meilleurs moyens de prévenir les crimes contre l’environnement. Plus nous disposerons de connaissances sur le sujet et plus nous pourrons protéger l’environnement, et la santé humaine, de manière efficace.

  3. Si le domaine de la criminologie prend de l’importance, plus de chercheurs dans ce domaine pourront participer à orienter les différentes sphères décisionnelles quant aux meilleures pratiques de protection de l’environnement ainsi que de prévention et réponse aux crimes contre l’environnement.


Practical implications (english)

  1. This article is intended as an introduction to the basic concepts of green criminology. Since it is an emerging field and not very present in academic curriculum, it seems relevant to promote it in order to stimulate interest in research.

  2. It seems important for criminology to focus on the best way of preventing environmental crimes. The more we know about the subject, the more effectively we can protect the environment and human health.

  3. Researchers in green criminology can participate in guiding various entities with regard to the best practices for environmental protection as well as for prevention and response to environmental crime. How could this problem be addressed?


Introduction

L’état des connaissances scientifiques a permis de diminuer l’incertitude qui entoure les enjeux environnementaux. Il est maintenant admis par la communauté scientifique que nous assistons à une dégradation de l’état général de l’environnement (p.ex. Bourg et Whiteside, 2009; McNeil et Engelke, 2015; Vohra et al., 2021). Il est également reconnu que la majorité de ces perturbations sont d’origine humaine (McNeil et Engelke, 2015 ; York, Rosa et Dietz, 2003). Paul Crutzen, récipiendaire d’un prix Nobel en 1995, suggère d’ailleurs que nous vivons à l’ère de l’anthropocène : époque où l’être humain est devenu une force impactant les processus atmosphériques et géologiques (Crutzen, 2006 ; McNeil & Engelke, 2015). Ainsi, la responsabilité des humains dans les problèmes environnementaux est devenue un domaine d’intérêt en sciences sociales, notamment en criminologie.

Or, la criminologie verte, particulièrement au Canada, demeure une sous-branche peu documentée en criminologie (Lynch et Stretesky, 2003; Salle, 2019). À titre d’exemple comparatif, en 2017, sur le Portail Cairn, l’expression « délinquance sexuelle » était présente dans 236 textes et « crime organisé » dans 2 264 (Salle, 2019, p. 597). Pour sa part, « criminalité environnementale » a été utilisé dans 20 articles et « crime(s) environnemental (aux) » dans 27 articles (Salle, 2019, p. 597). Avec l’intérêt grandissant pour l’environnement dans la sphère publique, médiatique et politique, et considérant les conséquences importantes de ces actions, il apparaît important d’enrichir la littérature scientifique à ce sujet.

Le crime contre l’environnement 

Les crimes contre l’environnement peuvent être définis selon deux conceptions : l’approche légale et l’approche sociolégale (Brisman et South, 2018; White, 2003). D’abord, l’approche légale limite les crimes environnementaux aux actions et aux omissions enfreignant les législations environnementales en vigueur et passibles d’une sanction pénale (Manirabona et Koutouki, 2016; Situ et Emmons, 2000). Ces délits correspondent à un éventail d’infractions criminelles, administratives, et civiles. Bricknell (2010) identifie huit comportements précis appartenant à la criminalité environnementale : la pollution de l’air, de la terre et des cours d’eau; la disposition illégale de déchet; l’utilisation illégale de substances nocives pour la couche d’ozone; la pêche illégale; le commerce illégal d’espèce animale et végétale; le vol d’eau, la coupe et le commerce illégal de bois; la destruction de végétation. Outre les activités nuisant directement à la nature, les crimes environnementaux correspondent souvent à des infractions de non-respect de procédures tel le défaut d’autorisation administrative (Grandbois, 1988; Salle, 2019).

Ensuite, la perspective sociolégale est quant à elle orientée vers la notion de dommage. Le crime contre l’environnement y est alors défini comme une pratique dommageable pour la nature, qu’elle fasse ou non l’objet d’une infraction (Brisman, 2015; Lynch et Stretsky, 2003). Ces dommages varient en termes de degrés d’intensité, allant de très faible (p. ex. littering; disposer inadéquatement d’un déchet dans l’espace public) à très élevé (p. ex. déversement de pétrole) (Salle, 2019). Agnew (2012) s’est d’ailleurs intéressé aux actions ordinaires endommageant l’environnement, tels l’utilisation d’automobile et l’achat de vêtements non recyclés. Par action ordinaire, il est entendu que certains comportements acceptables socialement sont commis régulièrement par une grande proportion de la population (Agnew, 2012; Arroyo-Quiroz et Wyatt, 2019). Bien qu’ils aient individuellement peu d’impact sur l’environnement, ils contribuent à augmenter la pollution de l’air, de l’eau et du sol, ainsi qu’à la destruction d’écosystème et aux changements climatiques. De plus, pour les tenants de l’approche sociolégale, la criminologie ne doit pas se limiter à étudier les crimes environnementaux tels que définis par la loi puisque la majorité des atteintes graves à l’environnement ne sont pas illégales (p. ex. : forage pétrolier, mine) (Brisman, 2015; Korsell, 2001; Manirabona et Koutouki, 2016).

De leur côté, Situ et Emmons (2000), utilisant des caractéristiques de l’approche légale et sociolégale, considèrent qu’un crime environnemental possède trois caractéristiques constitutives : être prohibé par une loi environnementale et passible d’une peine ; être causé par un être humain. ; entraîner des conséquences sur les Êtres humains ou la nature.

Conséquences

Les crimes contre l’environnement, indépendamment de la manière dont ils sont définis, ont la particularité d’entraîner des conséquences sur l’ensemble de la population mondiale et de la nature dans son ensemble (Brisman et South, 2018). Ils participent, entre autres, à aggraver la situation déjà précaire de la pollution atmosphérique et de changements climatiques (Kramer, 2013; Meifen, 2022).

Dans le cadre d’une recherche financée par the Law Foundation of British Columbia et the International Centre for Criminal Law Reform and Criminal Justice Policy, Eileen Skinnider (2011) s’est intéressée aux répercussions des crimes contre l’environnement. Après avoir procédé à une recension exhaustive des écrits canadiens sur le sujet, la chercheuse a conclu que les conséquences des crimes environnementaux sur les humains peuvent être divisées en quatre catégories. Premièrement, il existe des conséquences sur la santé. Comme le souligne la Commission des Nations Unies sur l’environnement (1987) dans son rapport Notre avenir à tous, l’Être humain est confronté à plusieurs problèmes environnementaux qui mettent directement en danger sa survie ; à titre d’exemple, le rejet de substances toxiques dans la nature à de graves conséquences sur la qualité de vie humaine (Gouvernement du Canada, 2019). L’Institut national de la santé et de la recherche médicale de France (2021) a établi un lien entre l’exposition régulière à ces substances et des pathologies dont le Parkinson, le cancer de la prostate et la bronchite chronique. Deuxièmement, les crimes contre l’environnement entraînent des conséquences économiques. Par exemple, les crimes contre l’environnement causent, directement et indirectement, des catastrophes naturelles qui elles ont des implications financières importantes. Les Nations Unies (2021) ont estimé à 108 milliards de dollars américains les pertes engendrées par ce genre de catastrophes dans les pays des Suds uniquement pour le domaine de l’agriculture. La déforestation peut notamment causer des désastres comme des éboulements de terrain et des inondations ayant entre autres des conséquences économiques (Skinnider, 2011). De plus, il existe des conséquences culturelles et sociales. En effet, les dommages causés à l’environnement peuvent, par exemple, empêcher certaines populations de s’adonner à leurs activités traditionnelles, dont la chasse et la pêche (Skinnider, 2011). Finalement, les crimes contre l’environnement peuvent réduire la sécurité des citoyens, notamment sur le plan alimentaire et l’accès à un logement (Skinnider, 2011).

Qui plus est, les crimes contre l’environnement ont la particularité de ne pas avoir que des conséquences pour les êtres humains (Brisman et South, 2018 ; Lynch, Barrett, Stretesky, Long, 2017). En effet, des espèces animales et végétales peuvent être victime de ce type de dommages (Flynn et Hall, 2017). Certains de ces êtres vivants sont des victimes directes, comme dans le cas du trafic illégal d’espèces en danger. On parle également de victimes collatérales dans l’optique où certains animaux décèdent alors qu’ils n’étaient pas directement la cible du crime, notamment lors de coupe à blanc et d’utilisation de pesticides sur des terres agricoles (Flynn et Hall, 2017). Des écosystèmes entiers peuvent être endommagés par les crimes environnementaux (Ellefsen, Sollund et Larsen, 2012). Le concept d’écocide réfère à ce genre d’atteintes graves et durables à des milieux naturels pouvant mener à leur destruction (Cabanes, 2016; Neyret, 2014)

Conclusion

Avant les années 1970, les atteintes à la nature étaient considérées comme les conséquences inhérentes à une économie prospère (Barone, 2018; Lascoumes, 1994). Cependant, loin d’être perçus comme inévitable, ces dommages sont maintenant vus comme problématiques et devant être contrôlés (Situ et Emmons, 2000). Il est de plus en plus envisagé qu’il relève de l’État de mettre en place des mécanismes afin de lutter contre les crimes environnementaux (Mucchielli et Salle, 2019; Situ et Emmons, 2000). D’ailleurs, partout à travers le monde, des politiques et réglementations visant à prévenir et à répondre aux crimes contre l’environnement ont été adoptées (Skinnider, 2011). Le Canada n’est pas en reste avec l’adoption de législations telle la Loi sur les pêches (1985), la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE) (1999), la Loi sur les espèces en péril (2002), et la création de ministères comme celui de l’Environnement et des Changements climatiques.

Ainsi, les crimes contre l’environnement ne diffèrent pas des autres délits dits plus traditionnels (p. ex. les crimes contre la personne et les crimes contre les biens) en ce sens qu’ils sont causés par l’humain, qu’ils font des victimes et des dommages, et qu’ils font l’objet de diverses réponses étatiques. De nombreux champs d’expertise en criminologie peuvent donc participer à comprendre ce phénomène : la victimologie, la gestion du risque et de la sécurité, l’analyse des comportements criminels, la prévention de la criminalité, la pénologie, et plus encore.

Considérant la préoccupation grandissante de la population quant à la dégradation de l’environnement ainsi que l’ampleur et la gravité des atteintes environnementales causées par l’humain, il apparaît capital que des chercheurs en criminologie travaillent afin d’en comprendre les causes, les conséquences, la prévalence. La criminologie pourra ainsi jouer un rôle clé dans la protection de la nature, en utilisant son expertise basée sur des données probantes, afin d’identifier les meilleures pratiques permettant de prévenir et de répondre aux crimes environnementaux.

Références

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